[Tribune] Un président qui réussit
Soutien du Président de la République, sans être membre du parti présidentiel, j’ai toujours essayé de poser un regard objectif sur son action et celle du Gouvernement. Aussi, comme je l’ai écrit dans mon livre « Pourquoi je crois en la politique », je reconnais à Emmanuel Macron, deux réussites et deux échecs.
D’abord, la restauration de la fonction présidentielle, quitte parfois à lui ajouter une petite touche monarchique. Il y a effectivement quelque chose de messianique dans cette fonction imaginée par le général de Gaulle. Souvenons-nous que François Hollande a affaibli la fonction de Président comme jamais… Je reconnais également à Emmanuel Macron un vrai volontarisme réformateur, loin de l’époque des rois fainéants que l’on a connue avec des présidents qui promettaient beaucoup mais réalisaient peu.
Deux écueils ensuite. D’abord, il n’a pas encore redonné goût à la politique, contrairement à mes espérances. Les Français, après son élection, étaient un peu plus positifs à l’égard du monde politique. De plus, il n’a pas vraiment endigué le creusement des inégalités, et je crois que sa prise de conscience sur ce sujet est tardive, malgré les nombreuses alertes de François Bayrou ces derniers mois.
Cela étant, on ne change pas un pays en deux ans. Et l’objectif est-il atteignable pour un seul homme, en seul mandat, dans un seul pays alors que nos économies sont totalement imbriquées et mondialisées ?
A ce premier jugement mitigé, il convient aujourd’hui d’ajouter trois réussites certaines pour lesquelles le Président de la République a pris toute sa part.
D’abord, en matière de défense. Le défilé militaire du 14 juillet sur les Champs Elysée a été remarqué dans le monde entier grâce à Francky Zapata et son “flyboard”. Une prouesse technologique inimaginable il y a quelques années encore et un symbole : cet homme volant qui ouvre le défilé militaire sous le regard stupéfait des chefs d’états européens vient témoigner de l’ambition militaire du Président Macron.
Le défilé du 14 juillet était aussi l’occasion de revenir sur les annonces fortes soutenues par la loi de programmation militaire. Je salue ici la volonté de retrouver notre autonomie. Emmanuel Macron souhaite inverser la tendance d’une armée qui se fragilise, sous-dotée et au matériel vieillissant. Les investissements d’aujourd’hui tracent le chemin de notre armée pour les années à venir. Malgré leurs apparences « gadget » les technologies comme le « flyboard » doivent être sérieusement considérées pour les futurs conflits, comme l’a souligné la ministre des Armées Florence Parly.
Ensuite, la nouvelle donne européenne, à la suite des élections de mai dernier, fait du Président de la République Française l’homme fort de l’Union Européenne, alors que les anglais s’enlisent dans la crise du Brexit et qu’Angela Merkel se retire progressivement de la vie politique.
La France doit continuer à peser sur les décisions européennes et internationales, et les actions du Président visent à renforcer cette influence. Sur ces sujets européens, Emmanuel Macron, montre qu’il n’est pas isolé mais parvient au contraire à fédérer les Etats derrière sa vision.
Par ailleurs, en matière de défense encore, l’initiative qui vise à favoriser l’émergence d’une culture stratégique européenne et, en particulier, à renforcer la capacité des Européens à agir ensemble est un choix judicieux. Face aux grandes puissances qui façonnent notre monde et à leurs dirigeants parfois imprévisibles, l’Europe doit pouvoir garantir son autonomie.
Enfin, succès intérieur cette fois, au 2ème trimestre 2019, la baisse du chômage se poursuit. Il s’établit à 8,5%, soit le plus bas niveau depuis dix ans. Depuis le début du quinquennat, il y a 300 000 chômeurs de moins en France. Bien qu’une part significative des évolutions économiques échappent aux pouvoirs publics dans une économie libérale, cette réussite est aussi celle du Président et du Gouvernement qui encouragent le travail et inspirent confiance aux investisseurs.
Cela étant écrit, il reste trois longues années au Président avant que nous puissions établir son bilan définitif. Il faut laisser aux élus le privilège d’être jugés en fin de mandat. Nous exigeons instantanément des résultats, or c’est impossible. Mais il est parfois nécessaire de reconnaitre les réussites pour mieux relever les défis de demain, au premier rang desquels figure la transition écologique…